E.B.E. … E.B.E.R. …
Vous avez dit E.B.E. ? … ou EXCEDENT BRUT D’EXPLOITATION, un S.I.G. Solde Intermédiaire de Gestion, apparent dans la plupart des bilans.
L’EBE semble, donc, le critère de choix pour estimer la rentabilité et le prix de vente d’un fonds de commerce de TABAC PRESSE, et pour comparer les affaires entre elles, au vu de sa grande popularité dans les annonces et chez les acquéreurs …
Sans doute, encore faut-il bien savoir de quoi on parle : de l’E.B.E. comptable ou de l’E.B.E.R., « R » pour retraité ?
L’E.B.E. c’est ce qui « reste » du C.A.H.T. quand on a déduit :
- les achats de marchandises
- les impôts et taxes
- les frais généraux (loyers, électricité, assurances, honoraires comptables, frais bancaires, etc…)
- les frais de personnel (salaires et charges sociales)
- + on ajoute normalement les subventions, et justement sont-elles permanentes ? Non ? Alors déduisez les !
Quand aux frais de personnel, question primordiale : est-ce que la rémunération de l’exploitant est intégrée dans ces frais de personnel ou pas ??? …
Cela dépend :
OUI en SNC (Société en Nom Collectif), figure une ligne rémunération exploitant (ou rémunération gérance, compte 644) et figure ses charges sociales (comptes 646)
NON en E.I (Entreprise Individuelle) : sa rémunération est le résultat net en bas du compte de résultat ; ses charges sociales sont, par contre, bien déjà déduites plus haut (compte 646 également)
En conséquence on ne peut pas comparer l’EBE de 2 affaires ayant un statut juridique différent E.I. et SNC.
D’où l’idée de retraiter ou recalculer l’EBE comptable afin de pouvoir faire des comparaisons.
Mais 2 questions se posent :
1 – Comment retraiter l’EBE comptable ? … En réintégrant la rémunération de l’exploitant et ses charges sociales (cas de la SNC) + ses avantages en nature, ou bien seulement ses charges sociales et ses avantages en nature si il s’agit d’une E.I. Reste encore une interrogation : doit-on déduire de l’EBE comptable, la redevance Logista qui dans la majorité des comptes de résultat apparait dans « autre charges, droit de licence tabac » et n’est pas déduite de l’EBE par le cabinet comptable … Logiquement OUI il faut la déduire : il s’agit d’une charge importante qui « gonfle » l’EBE et fausse le calcul pour estimer un fonds … Mais tout le monde le fait – il ???
2 – Quel coefficient appliquer à cet EBE Retraité pour estimer la valeur d’un fonds de commerce de TABAC PRESSE ? Dans notre région entre 2 et 4 … Attention qu’on ne se méprenne pas ! : coefficient 4 pour un emplacement exceptionnel, dans un lieu exceptionnel, avec exclusivement une clientèle « haut de gamme », pour une affaire de direction avec juste de la gestion (jamais derrière la caisse), un local neuf, des chiffres en progression, et un résultat net et une rémunération conséquents ! … Autant dire que cela ne concerne que quelques affaires. Dans la majorité des cas on appliquera un coefficient entre 2 et 3 voire 3.5 maximum.
On comprend que la fourchette est large, et combien il est difficile de faire une estimation, sachant que le lieu et le moment où on vend va encore influencer le prix !
Pour le lieu par exemple, certaines villes de la région Rhône Alpes sont catégoriquement « boudées » par les acquéreurs, sauf ceux qui y habitent déjà, les premiers considérant qu’il y a trop d’incivilités et une population trop difficile, les médias faisant, en outre, une contre-publicité nationale à ces villes… Dans ces villes là les prix de vente sont plus bas.
Quand à d’autres villes, elles jouissent, à l’inverse, d’un fort pouvoir d’attraction, exagéré en vérité, quand on constate qu’elles aussi ont leur lot d’incivilités et de problèmes urbains … Les prix de vente sont, grâce à leur notoriété, plus élevés.
Le moment où on vend : juste après la pandémie de covid par exemple, beaucoup de tabacs presses se sont vendus et à un prix fort, et les ventes sont retombées très fortement les années suivantes… et les prix aussi !
En conclusion : l’EBE ou l’EBER oui, mais il est intéressant, toujours si on ne considère que l’aspect chiffré de s’intéresser à :
- La marge brute globale de l’affaire
- Le montant des frais généraux, et en particulier le LOYER, et noter si il y a des charges anormalement hautes, et des avantages en nature ;
- La C.A.F. Capacite d’Autofinancement : résultat net + amortissements : en E.I. vous déduisez vos échéances d’emprunt annuelles et le solde vous donnera votre rémunération annuelle ; en SNC : si la CAF n’est pas suffisante pour couvrir les échéances il faudra réduire la rémunération gérance (où réduire des charges).
En finalité : seule une analyse en profondeur du bilan, du compte de résultat (et des différents postes) et des SIG peut permettre de juger une affaire (sans parler de tous les autres aspects : emplacement, état des locaux, parking, personnel, clientèle, etc….)
Nous sommes à votre disposition pour toutes questions, et étudier tous ces aspects ensemble.
S.B.C. 06 18 64 56 63